Dans le cadre du cours d'enjeux géographie, j'ai eu l’occasion de rencontrer un expert en ce qui concerne la gestion des eaux ici en région. Il s'agit de Mathieu Gingras, directeur général de l'organisme Bassins Versants Saint-Maurice. Au cours de l'entrevue, vous verrez qu'il apporte des points intéressants pour la région, concernant les enjeux des exportations d'eaux.
Voici le lien pour accéder au site internet de l'organisme :
B: Face aux exportations d’eau au
Québec, quelle est la façon dont votre organisme va aborder la problématique?
M: Nous
ici, au niveau des exportations on a un énorme bassin de 43 000 km² ce qui
constitue trois fois et demi de la Belgique donc nous avons un très très grand
territoire à gérer. Comme nous avons une grande quantité d’eau et qu’une
industrie se développe pour marchandiser l’eau et la vendre aux États-Unis par
exemple, c’est sûr que nous ça nous toucherais directement. Le principal enjeu
au Québec par rapport à l’exportation d’eau en vrac aux États-Unis c’est
surtout par rapport au fleuve Saint-Laurent. Ça nous touche car la rivière Saint-Maurice
se jette directement dans le fleuve. Il y a aussi des gros enjeux pour la ville
de Trois-Rivières puisqu’elle est à cheval entre la rivière Saint-Maurice et le
fleuve Saint-Laurent.
B: S’il y a des exportations d’eau,
le niveau d’eau va forcément baisser, donc les voies pour les bateaux
deviendraient-elles non-navigable et qu’en est-il pour la contamination d’eau?
M: Les
gros enjeux sont autour des grands lacs puisqu’ils correspondent à un peu moins
que 20% de l’eau douce qui est partagé entre nous et les États-Unis et le
Canada. Le gros de ces enjeux c’est que l’eau des Grands Lacs provient à 99% de
la fonde des glaciers de la période glaciale, donc tous les Grands Lacs qui se
jettent dans les rivières correspondent à 1% de toute l’eau renouvelable
annuellement. Alors, s’il y a des dérivations massives vers les États-Unis ça
va avoir un gros impact sur la quantité de l’eau dans les Grands Lacs. Conséquemment,
le niveau du fleuve Saint-Laurent va baisser. Impact : navigation +
approvisionnement d’eau potable était donné que Québec et Montréal ont des
prises d’eau directement dans le fleuve.
B: Avec toutes les efforts que vous
avez mis afin d’améliorer la qualité de l’eau, préserver les écosystèmes,
protéger le paysage et favoriser le tourisme, bref, pensez-vous que les
exportations d’eau en région nuiront à ce que vous avez accompli jusqu’à
aujourd’hui?
M: Surtout
dans les milieux plus fragiles par rapport aux niveaux d’eaux. Si on se met à
exporter de l’eau c’est certain qu’il va y avoir des impacts considérables. Les
efforts qu’on a investis permettront justement de limiter ces dégâts-là. Mais
si un jour il y a des exportations d’eau en vrac, ça va se faire avec une
réglementation très serrée, donc les impacts environnementaux vont pouvoir être
contrôlés.
B: Quelle position votre organisme
apporterait-elle dans un enjeu comme celui-ci et pour quelles raisons?
M: C’est
certain que dans le contexte mondial actuel, les ressources en eau deviennent
de plus en plus rare ce qui constitue l’enjeu du 21e siècle au
niveau de la gestion et du partage. Nous c’est sûr qu’on ne serait pas
favorable à ça et on mettrait des sérieux bémols afin de mettre de l’avant des normes très
serrés pour encore une fois encadrés les impacts.
B: Croyez-vous que les citoyens
partagent aussi votre point de vue et pourquoi?
M: De
plus en plus, les citoyens sont conscientisés davantage mais peut-être pas
autant qu’on le voudrait. Au Québec on vit dans une situation d’abondance par
rapport à l’eau potable et souvent ce n’est pas encore ancré dans la mentalité
des gens à 100%. C’est entre autres sur cet aspect que notre organisme travail.
On montre au gens que même si nous en
avons beaucoup et que ça coute rien, laver son asphalte le samedi matin n’est
pas un comportement axé sur le développement durable. Donc, on essaye de
travailler au niveau de l’économie de l’eau et de montrer que c’est une
ressource qui est rare puisque dans des contextes éventuels il est possible
qu’on en manque un jour.
B: Pensez-vous que si on débute les
exportations, l’eau sera soumise à la loi de l’offre et la demande et qu’elle
sera un jour tarifable au même titre que le pétrole?
M: Dans
des régions où il n’y a pas beaucoup d’eau, elle va se marchander beaucoup plus
facilement. Il y a différente avenues avant d’en arriver là notamment le
partage des ressources, par exemple à chaque fois qu’il y a eu des pénuries
d’eau aux États-Unis il y a des projets de dérivation d’eau canadienne qui
arrivent sur la table. C’est sûr qu’il y a des coûts super important reliés à
ça, mais un jour peut-être que si la valeur de l’eau est telle peut-être que
ces investissements-là vont pouvoir se faire pour justement détourné une partie
des eaux canadienne et ce, même s’il y a une bonne législation et un bon
encadrement autour de l’eau des Grands Lacs qui empêche ce genre de projet là
pour l’instant.
B: Que pensez-vous de notre réserve
d’eau, ici dans en région?
M: Nous
pour l’instant on est très bien anti, en fait un des problèmes d’eau ici en
région se trouve à être les cyanobactéries. Il a beaucoup de réservoirs d’eau
potable qui ont été touchés par ça, non seulement ici en Mauricie, mais partout
au Québec. Cet enjeu peut donc devenir problématique puisque pendant un certain
nombre de temps, l’eau est devenue non potable et les résidents ne pouvaient
donc plus s’approvisionner dans ces lacs-là. En fait, les cyanobactéries sont
causées lorsqu’il y a trop de résidents qui mettent de l’engrais sur leur gazon
en bordure d’un lac, à ce moment-là tout ce qu’il y a sur le terrain se ramasse
dans le lac. Ça à ce moment-là ça nourrit les bactéries et ça se développe et
l’eau devient non potable. Les cyanobactéries deviennent même dangereuses pour
la baignade.
B: Y-a-t-il un moyen pour contrer
ces bactéries-là?
M: Nous
on travaille beaucoup là-dessus, en fait c’est d’avoir une bonne riveraine,
c’est-à-dire une zone tampon entre le terrain du riverain et le lac. Ce que ça
va faire, c’est que le phosphore, les sédiments, etc. vont être filtrés par la
végétation qui elle, se nourrit de ça par ses racines. Ça permettrait de garde
la qualité de l’eau à son meilleur.
B: Quelles sont les conséquences
que les exportations auront sur notre région, y en aura-t-il?
M: Un
des gros enjeux ici au Québec est que si l’eau devient exportable à grand
volume, ce sera surtout l’eau embouteillé, mais présentement il y a une loi
provinciale qui la réglemente. Elle empêche entre autres l’exportation vers
d’autres pays de contenants au-delà de vingt (20) litres. Ce qui peut arriver
s’il y a des exportations en plus grande quantité, c’est qu’ils vont augmenter
la capacité maximale de ces contenants-là. Ce qui est dangereux là-dedans,
c’est que l’eau embouteillé, c’est de l’eau souterraine. On connaît très très
peu le volume d’eau, on commence seulement depuis quelques années au Québec à
caractériser cette eau-là. Contrairement au lacs et aux rivières, nous ne
connaissons pas le débit ni la quantité d’eau sous terre. Depuis deux ou trois
ans il y a des études à Trois-Rivières, on commence à faire des puits, à
regarder comment l’eau fluctue, dans quelle sens elle s’écoule, quelle sont les
quantités et quel est son débit. Pour l’instant l’information que nous possédons
est très préliminaire. Pour ce qui est du reste de la région, nous n’en avons
aucune idée. Il faut aussi faire attention aux aquifères sous la terre qui eux,
ne se renouvellent pas ou très très lentement, donc si on puise de l’eau
rapidement, ils vont s’épuiser. Un des cas célèbre c’est la ville de Mexico,
ils ont tellement puisé d’eau dans le sous-sol de la ville qu’elle s’enfonce de
près de 30 centimètres par années. Maintenant, ils doivent aller chercher l’eau
à plusieurs centaines de milliers de kilomètres ce qui nécessite des systèmes
de pompes et qui conséquemment, est très cher. Cette résultante qui est causé
par le fait qu’ils ont mal gérer l’eau souterraine.
B: Si les exportations d’eau
deviennent un jour légales, de quelle manière votre organisme va-t-elle agir,
est-ce qu’elle va contrer la décision ou va-t-elle plutôt se plier?
M: Souvent
c’est une décision au niveau législatif et puis nous, nous n’avons pas un grand
pouvoir d’autant plus que nous sommes un organisme paragouvernemental, donc on
dépend beaucoup des règlements qui sont adoptés par le provincial et le
fédéral. En fait tout découle des Grands Lacs, depuis 1909 il y a le traité sur
les eaux limitrophes. C’est un traité entre les États-Unis et le Canada pour
justement la gestion des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent. Il y a aussi
une commission qui gère toutes les eaux entre le Canada et les États-Unis, elle
s’appelle la Commission mixte internationale (CMI). Elle est une organisation
indépendante qui essaie de légiférer et régler les conflits entre les deux
pays. Donc, pour les questions des Grands Lacs, c’est la CMI qui gère tout ça.
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