jeudi 12 avril 2012

Entrevue avec un expert!


Dans le cadre du cours d'enjeux géographie, j'ai eu l’occasion de rencontrer un expert en ce qui concerne la gestion des eaux ici en région. Il s'agit de Mathieu Gingras, directeur général de l'organisme Bassins Versants Saint-Maurice. Au cours de l'entrevue, vous verrez qu'il apporte des points intéressants pour la région, concernant les enjeux des exportations d'eaux.

Voici le lien pour accéder au site internet de l'organisme :

B: Face aux exportations d’eau au Québec, quelle est la façon dont votre organisme va aborder la problématique?
M: Nous ici, au niveau des exportations on a un énorme bassin de 43 000 km² ce qui constitue trois fois et demi de la Belgique donc nous avons un très très grand territoire à gérer. Comme nous avons une grande quantité d’eau et qu’une industrie se développe pour marchandiser l’eau et la vendre aux États-Unis par exemple, c’est sûr que nous ça nous toucherais directement. Le principal enjeu au Québec par rapport à l’exportation d’eau en vrac aux États-Unis c’est surtout par rapport au fleuve Saint-Laurent. Ça nous touche car la rivière Saint-Maurice se jette directement dans le fleuve. Il y a aussi des gros enjeux pour la ville de Trois-Rivières puisqu’elle est à cheval entre la rivière Saint-Maurice et le fleuve Saint-Laurent.

B: S’il y a des exportations d’eau, le niveau d’eau va forcément baisser, donc les voies pour les bateaux deviendraient-elles non-navigable et qu’en est-il pour la contamination d’eau?
M: Les gros enjeux sont autour des grands lacs puisqu’ils correspondent à un peu moins que 20% de l’eau douce qui est partagé entre nous et les États-Unis et le Canada. Le gros de ces enjeux c’est que l’eau des Grands Lacs provient à 99% de la fonde des glaciers de la période glaciale, donc tous les Grands Lacs qui se jettent dans les rivières correspondent à 1% de toute l’eau renouvelable annuellement. Alors, s’il y a des dérivations massives vers les États-Unis ça va avoir un gros impact sur la quantité de l’eau dans les Grands Lacs. Conséquemment, le niveau du fleuve Saint-Laurent va baisser. Impact : navigation + approvisionnement d’eau potable était donné que Québec et Montréal ont des prises d’eau directement dans le fleuve.

B: Avec toutes les efforts que vous avez mis afin d’améliorer la qualité de l’eau, préserver les écosystèmes, protéger le paysage et favoriser le tourisme, bref, pensez-vous que les exportations d’eau en région nuiront à ce que vous avez accompli jusqu’à aujourd’hui?
M: Surtout dans les milieux plus fragiles par rapport aux niveaux d’eaux. Si on se met à exporter de l’eau c’est certain qu’il va y avoir des impacts considérables. Les efforts qu’on a investis permettront justement de limiter ces dégâts-là. Mais si un jour il y a des exportations d’eau en vrac, ça va se faire avec une réglementation très serrée, donc les impacts environnementaux vont pouvoir être contrôlés.

B: Quelle position votre organisme apporterait-elle dans un enjeu comme celui-ci et pour quelles raisons?
M: C’est certain que dans le contexte mondial actuel, les ressources en eau deviennent de plus en plus rare ce qui constitue l’enjeu du 21e siècle au niveau de la gestion et du partage. Nous c’est sûr qu’on ne serait pas favorable à ça et on mettrait des sérieux bémols  afin de mettre de l’avant des normes très serrés pour encore une fois encadrés les impacts.

B: Croyez-vous que les citoyens partagent aussi votre point de vue et pourquoi?
M: De plus en plus, les citoyens sont conscientisés davantage mais peut-être pas autant qu’on le voudrait. Au Québec on vit dans une situation d’abondance par rapport à l’eau potable et souvent ce n’est pas encore ancré dans la mentalité des gens à 100%. C’est entre autres sur cet aspect que notre organisme travail. On montre au  gens que même si nous en avons beaucoup et que ça coute rien, laver son asphalte le samedi matin n’est pas un comportement axé sur le développement durable. Donc, on essaye de travailler au niveau de l’économie de l’eau et de montrer que c’est une ressource qui est rare puisque dans des contextes éventuels il est possible qu’on en manque un jour.

B: Pensez-vous que si on débute les exportations, l’eau sera soumise à la loi de l’offre et la demande et qu’elle sera un jour tarifable au même titre que le pétrole?
M: Dans des régions où il n’y a pas beaucoup d’eau, elle va se marchander beaucoup plus facilement. Il y a différente avenues avant d’en arriver là notamment le partage des ressources, par exemple à chaque fois qu’il y a eu des pénuries d’eau aux États-Unis il y a des projets de dérivation d’eau canadienne qui arrivent sur la table. C’est sûr qu’il y a des coûts super important reliés à ça, mais un jour peut-être que si la valeur de l’eau est telle peut-être que ces investissements-là vont pouvoir se faire pour justement détourné une partie des eaux canadienne et ce, même s’il y a une bonne législation et un bon encadrement autour de l’eau des Grands Lacs qui empêche ce genre de projet là pour l’instant.

B: Que pensez-vous de notre réserve d’eau, ici dans en région?
M: Nous pour l’instant on est très bien anti, en fait un des problèmes d’eau ici en région se trouve à être les cyanobactéries. Il a beaucoup de réservoirs d’eau potable qui ont été touchés par ça, non seulement ici en Mauricie, mais partout au Québec. Cet enjeu peut donc devenir problématique puisque pendant un certain nombre de temps, l’eau est devenue non potable et les résidents ne pouvaient donc plus s’approvisionner dans ces lacs-là. En fait, les cyanobactéries sont causées lorsqu’il y a trop de résidents qui mettent de l’engrais sur leur gazon en bordure d’un lac, à ce moment-là tout ce qu’il y a sur le terrain se ramasse dans le lac. Ça à ce moment-là ça nourrit les bactéries et ça se développe et l’eau devient non potable. Les cyanobactéries deviennent même dangereuses pour la baignade.

B: Y-a-t-il un moyen pour contrer ces bactéries-là?
M: Nous on travaille beaucoup là-dessus, en fait c’est d’avoir une bonne riveraine, c’est-à-dire une zone tampon entre le terrain du riverain et le lac. Ce que ça va faire, c’est que le phosphore, les sédiments, etc. vont être filtrés par la végétation qui elle, se nourrit de ça par ses racines. Ça permettrait de garde la qualité de l’eau à son meilleur.

B: Quelles sont les conséquences que les exportations auront sur notre région, y en aura-t-il?
M: Un des gros enjeux ici au Québec est que si l’eau devient exportable à grand volume, ce sera surtout l’eau embouteillé, mais présentement il y a une loi provinciale qui la réglemente. Elle empêche entre autres l’exportation vers d’autres pays de contenants au-delà de vingt (20) litres. Ce qui peut arriver s’il y a des exportations en plus grande quantité, c’est qu’ils vont augmenter la capacité maximale de ces contenants-là. Ce qui est dangereux là-dedans, c’est que l’eau embouteillé, c’est de l’eau souterraine. On connaît très très peu le volume d’eau, on commence seulement depuis quelques années au Québec à caractériser cette eau-là. Contrairement au lacs et aux rivières, nous ne connaissons pas le débit ni la quantité d’eau sous terre. Depuis deux ou trois ans il y a des études à Trois-Rivières, on commence à faire des puits, à regarder comment l’eau fluctue, dans quelle sens elle s’écoule, quelle sont les quantités et quel est son débit. Pour l’instant l’information que nous possédons est très préliminaire. Pour ce qui est du reste de la région, nous n’en avons aucune idée. Il faut aussi faire attention aux aquifères sous la terre qui eux, ne se renouvellent pas ou très très lentement, donc si on puise de l’eau rapidement, ils vont s’épuiser. Un des cas célèbre c’est la ville de Mexico, ils ont tellement puisé d’eau dans le sous-sol de la ville qu’elle s’enfonce de près de 30 centimètres par années. Maintenant, ils doivent aller chercher l’eau à plusieurs centaines de milliers de kilomètres ce qui nécessite des systèmes de pompes et qui conséquemment, est très cher. Cette résultante qui est causé par le fait qu’ils ont mal gérer l’eau souterraine.

B: Si les exportations d’eau deviennent un jour légales, de quelle manière votre organisme va-t-elle agir, est-ce qu’elle va contrer la décision ou va-t-elle plutôt se plier?
M: Souvent c’est une décision au niveau législatif et puis nous, nous n’avons pas un grand pouvoir d’autant plus que nous sommes un organisme paragouvernemental, donc on dépend beaucoup des règlements qui sont adoptés par le provincial et le fédéral. En fait tout découle des Grands Lacs, depuis 1909 il y a le traité sur les eaux limitrophes. C’est un traité entre les États-Unis et le Canada pour justement la gestion des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent. Il y a aussi une commission qui gère toutes les eaux entre le Canada et les États-Unis, elle s’appelle la Commission mixte internationale (CMI). Elle est une organisation indépendante qui essaie de légiférer et régler les conflits entre les deux pays. Donc, pour les questions des Grands Lacs, c’est la CMI qui gère tout ça.

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